Entraîneur licencié SwissBoxing
Titres pro
- Champion du monde de Full Contact (2010 Russie)
- Championnat Intercontinental de Kick-boxing (2008 Suisse)
- Champion suisse de boxe poids mi-lourds (2007 Suisse)
- Champion du monde de Kick-boxing (2006 Suisse)
- Champion d’Europe de Full Contact (2004 Belgique)
- Champion Panarabe de Full Contact (2003 Algérie)
Palmarès
- Boxe:
23 combats, 18 victoires, 1 match nul - Kick-boxing, Full Contact, K1:
55 combats, 52 victoires, 3 perdus, 19 gagnés K.O.
D’Alger à Fribourg
Article de « La Liberté » du mercredi 23 décembre 2009
Mohamed Belkacem, comment êtes-vous arrivé en Suisse, vous qui habitiez Alger?
Je suis arrivé en Suisse en 2001. J’étais membre de l’équipe d’Algérie de kick-boxing et j’avais été sélectionné pour les championnats du monde en Autriche. Mon rêve était de partir en Europe pour faire carrière dans le sport. Je savais que c’était impossible d’avoir un visa pour l’Europe. Alors, je n’ai pas eu d’hésitation. Mes coéquipiers sont rentrés au pays, moi, j’ai pris mon passeport et mes valises et je me suis tiré.
Comment êtes-vous passé de l’Autriche à la Suisse?
Je suis resté quatre jours en Autriche. Je ne comprenais rien à la langue. J’ai pris un train-couchettes pour la Suisse et j’ai débarqué à Zurich. Question langue, ce n’était pas mieux et quelqu’un m’a dit que je devrais aller à Genève, où on pourrait m’aider.
Quel accueil avez-vous reçu à Genève?
Je suis arrivé à 10 heures le soir, dans la nuit. Ce n’était pas évident pour un Arabe, j’étais perturbé. Je me suis dit que je devais aller à la mosquée pour la prière. J’ai eu de la chance. Avec mes vêtements de l’équipe nationale d’Algérie, j’ai été repéré et un type a accepté de m’héberger quelques jours chez lui.
Vous aviez conscience d’être dans une situation difficile?
J’ai obtenu un statut de réfugié politique. Je me suis retrouvé à Vallorbe et de là, j’ai été envoyé, par hasard, à Fribourg, au foyer de la Poya. Les premiers temps, je ne pouvais pas travailler. Après, je me suis retrouvé chez Optigal. Quatre mois, je n’ai rien fait mais quand ma vie a été un peu plus stable, je me suis remis au sport.
Dans quels clubs avez-vous trouvé refuge?
Tout n’a pas été facile. Pour kick-boxing, je me suis retrouvé à Bulle mais j’ai perdu mon temps. Pour la boxe, j’ai voulu aller à Villars-sur-Glâne. Mais comme je n’avais pas tous les papiers, on m’a dit non.
Comme ça ne marchait pas sur Fribourg, vous avez dû aller regarder un peu plus loin?
J’ai cherché sur internet et j’ai repéré une salle de boxe amateurs à Berne avant d’arriver chez les Boxing Kings. C’était en 2003 et comme j’étais désormais marié à une Suissesse, j’avais les papiers nécessaires pour faire des combats en amateurs.
Très rapidement, vous êtes passé chez les professionnels?
Oui, je n’ai disputé que deux combats amateurs que j’ai gagnés et ensuite, mon entraîneur Bruno Arati m’a fait passer chez les professionnels.
Et l’Algérie, dans tout ça, oubliée?
Non, l’Algérie, c’est la chaleur, la famille. J’y retourne deux fois par année en vacances pour revoir mes parents et la grande famille.
Revenons à la boxe, avec 18 combats dont 16 victoires (7 par k.-o.), 1 défaite et un nul, on peut dire que c’est plutôt bien parti pour une belle carrière. Et samedi, il y aura ce championnat d’Europe EBU-EE?
Oui, j’ai fait du chemin depuis mes débuts pros en 2005. Le combat de samedi est très important. Je donne tout pour réussir et ce titre pourrait m’ouvrir des portes. Je veux être dans les 10 meilleurs Européens.
Que savez-vous de votre adversaire, le Biélorusse Mahamed Aripgadzhiev (12 victoires dont 7 par k.-o., 2 défaites)?
Je sais qu’il est un centimètre plus grand que moi. J’ai vu des images de son combat pour le titre. Il est calme, technique. Il observe beaucoup, misant sur son allonge. Physiquement, j’ai une petite boule car je n’ai jamais boxé sur 12 rounds. Mais je me prépare pour gagner.
On sait effectivement que vous êtes bien préparé?
Oui, je fais 14 entraînements par semaine. Il m’arrive de me rendre deux fois par jour à la salle à Berne. Et trois fois par semaine, je me lève à 5 heures pour aller courir dans la forêt de Moncor. Je ne prends qu’un jour de repos, le dimanche.
Pour faire encore mieux connaissance, citez-nous une de vos qualités et un de vos défauts, en dehors du sport?
Je suis très exigeant avec moi-même. Et où je travaille, je suis trop cadré. Les autres trouvent que c’est une qualité et moi, un défaut. Pas assez communicatif, c’est aussi un de mes défauts.
Le même exercice avec Belkacem, le boxeur?
Mon défaut, c’est clairement ma garde. Mon entraîneur a peur pour moi parfois et il doit toujours me dire de monter ma garde. En boxe, j’ai moins d’expérience qu’en kick-boxing et je suis encore un peu crispé. Question qualité, c’est ma rapidité qui me donne beaucoup de confiance. C’est un don mais je travaille aussi beaucoup là-dessus. (On pourrait ajouter que Belkcacem est aussi un redoutable puncheur/réd).
Vous avez de la force mais vous avez aussi été mis k.-o. pour votre seule défaite. Quel souvenir en gardez-vous?
Je menais nettement mon combat quand j’ai été mis k.-o. C’est ça aussi les surprises de la boxe. Depuis, j’ai gagné la revanche. C’est mieux que j’ai eu ce k.-o. en début de carrière. Finalement, je crois que ça été une bonne leçon et que ça m’a donné encore plus de courage et de volonté.
Justement, la boxe, n’est-ce pas un sport trop dur?
C’est sûrement un sport dur pour les deux hommes qui sont sur le ring. Mais c’est joli à voir pour les spectateurs si la technique est présente. Et puis, en boxe, il y a le fair-play. A la fin du combat, les deux boxeurs s’embrassent ou se font un grand salut, c’est magnifique.
Que voulez-vous apporter à vos élèves en boxe ou en kick-boxing?
Le jeune qui vient pour ces deux sports a déjà en lui la volonté. Après, ces sports peuvent lui apporter une discipline envers lui-même, le calme, une approche très positive de la vie. Il ne va pas baisser les bras dans sa vie privée et professionnelle.
Vous préférez qu’on vous appelle par votre surnom Momo ou Mohamed?
Je préfère que les gens qui me connaissent m’appellent Mohamed, ça me donne beaucoup de courage.
Georges Blanc