La Courtepinoise, gagnante des Golden Gloves à 31 ans, espère encore atteindre le niveau professionnel. Au sein du Belkacem’s Fighting Spirit, elle est la seule membre du club fribourgeois à pratiquer cette discipline en compétition.

A 31 ans, Cris Soares espère franchir un cap dans sa carrière. Elle est sur le bon chemin avec sa victoire lors des Portugal Golden Gloves aux alentours de Porto, le 6 octobre dernier. Lors de son seul combat – deux adversaires s’étant retirées à la dernière minute –, Soares s’est imposée en trois rounds de trois minutes, sur décision unanime des juges. En y remportant la ceinture des – 52 kg, la boxeuse a eu l’honneur d’être la première à acquérir ce titre, les catégories féminines étant inédites. Elle déclare avoir «une immense fierté d’avoir pu représenter mon club à l’étranger et de revenir avec cette ceinture».

Ce succès est le résultat de nombreuses années de travail, de détermination et de discipline. Et Cris Soares ne compte pas s’arrêter là. Le membre du Belkacem’s Fighting Spirit, à Fribourg, a en point de mire le titre de championne suisse qu’elle espère décrocher les 16 et 17 novembre prochains à Bâle, après avoir perdu en finale l’année passée.
Arrivée sur le tard
La Lacoise a démontré qu’elle pouvait prétendre à plus. Après s’être consacrée au football durant sa jeunesse au Portugal, Cris a commencé à boxer tardivement, à 21 ans. Elle raconte: «Quand je suis arrivée en Suisse à 15 ans, c’était difficile de m’intégrer à cause de la langue. Mais je voulais continuer à faire du sport.» Un virage individuel qui s’est matérialisé au TC Training – qui a depuis fermé – par la pratique du kickboxing. «J’ai tout de suite accroché, et je m’y suis engagée à fond», se rappelle la Portuane avant d’ajouter qu’elle s’est «lancée dans les combats de kick avant de passer le cap de la boxe depuis 3 ans».

La Courtepinoise estime qu’il n’est jamais trop tard pour se lancer de nouveaux défis et devenir professionnelle. «Je ne dis pas que je vais faire une grande carrière à 31 ans, mais me procurer de l’expérience et découvrir la boxe professionnelle serait sympa», souligne-t-elle après dix années dans les sports de combat.
« Si tu n’es pas bien mentalement, c’est déjà perdu d’avance »
La petite boxeuse de 158 centimètres estime qu’il y a plus de possibilités de percer dans la boxe féminine, comme il y a moins de femmes qui en font. La preuve: elle est la seule à en faire en compétition dans le club fribourgeois. Cris Soares n’a pas ressenti de difficultés majeures à se faire une place dans ce sport souvent masculinisé, mais elle admet que les opportunités de combats sont moins nombreuses pour la gent féminine, à cause du nombre restreint de licenciées dans certaines catégories de poids. «Je suis assez souple, et j’arrive à m’arranger pour avoir plus de combats», assure celle qui se bat parfois avec un poids légèrement inférieur ou supérieur.

Partir à l’étranger et rencontrer d’autres athlètes est également intéressant pour l’expérience et pour progresser. «C’est un tout autre niveau, et ça fait du bien de tourner avec des personnes que tu ne connais pas», estime la Suisso-Portugaise qui a récemment combattu contre des boxeuses de l’équipe de France, même si elle a été vaincue.
Mental primordial
L’aspect le plus important de son sport? La pratiquante du noble art explique que la technique peut s’acquérir avec l’entraînement, au contraire du mental: «Si tu n’es pas bien mentalement, c’est déjà perdu d’avance.» Encaisser une défaite et savoir se relever est également essentiel pour Cris Soares: «On apprend, on évolue, on passe à autre chose. Ça nous rend plus forts», admet-elle, voyant ses résultats comme le fruit du destin.
Son expérience lui a appris que l’entraîneur jouait également un rôle clé pour le mental. C’est primordial de le sentir présent. «Il faut apprendre à boxer sans regarder le coach, parce que lors d’un combat, on va l’écouter de loin», décrit la combattante de 31 ans.
Inspirée, puis inspirante
Elle s’inspire d’ailleurs principalement de son coach Mohamed Belkacem et de sa femme Olivia, anciens professionnels. Cris Soares, qui en est à un bilan de 14 victoires pour 12 défaites, apprécie qu’ils lui «transmettent des expériences concrètes et des conseils efficaces». L’apprentissage de valeurs, comme le respect envers les adversaires, en fait partie. «L’avant des combats n’est pas toujours très chaleureux, mais à la fin, on sait toutes les deux à quel point on a travaillé pour en arriver là», avoue l’athlète de Swiss Boxing. Il lui a aussi fallu beaucoup de discipline pour atteindre ce niveau d’exigence, reconnaissant qu’il n’y a pas beaucoup de vie sociale à côté de l’entraînement et du travail.

La boxe est un sport qui lui permet de se défouler après de longues journées de travail. En dehors des rings, Cris Soares doit jongler avec son emploi de gérante adjointe d’un magasin. «Ça demande beaucoup de rigueur», confie la boxeuse qui s’entraîne cinq fois par semaine. Sa famille nombreuse lui permet de recharger ses batteries et de garder un équilibre. Son filleul, petit dernier de la famille, l’admire d’ailleurs beaucoup. «Il attend juste d’avoir 6 ans pour commencer», sourit-elle fièrement.
source: La Liberté, Jonas Repond